Marc Dentzer l’agriculteur-restaurateur

L’alliance de la terre et de l’assiette >

Si vous vous rendez à Mersch, vous passerez peut-être devant l’enseigne de restaurant « A Guddesch ». À première vue, tout paraît normal : un restaurant de bonne tenue dans un charmant village de la province luxembourgeoise. Mais à y voir de plus près, on s’aperçoit bien vite que l’on à affaire ici, à quelque chose de différent, disons de plus authentique. Car le propriétaire du restaurant, Marc Dentzer, a ceci de particulier : il est agriculteur…

Un agriculteur pas comme les autres…

Un agriculteur qui lance un restaurant, et même un hôtel depuis 2013, cela ne court pas les rues de manière générale et au Luxembourg en particulier. Et pourtant nous l’avons rencontré, ce Marc Dentzer, ce « serial entrepreneur », qui a su bousculer les codes de la tradition agricole familiale, pour donner vie aux projets qui lui tenaient à cœur.

Il y a encore vingt ans, la ferme de Marc vivait en effet au rythme de la polyculture-élevage. Avec près de 150 bêtes, l’activité était principalement centrée sur le lait. Mais l’arrivée des quotas laitiers change la donne. Progressivement, Marc met fin à son élevage laitier pour se tourner vers une production plus raisonnée : l’élevage extensif de vaches limousines allaitantes. Une partie de cette viande est alors commercialisée en direct.

Puis, en lançant son restaurant « A Guddesch » en collaboration avec son épouse Pia en 2009, Marc est amené à repenser sa production pour l’orienter de plus en plus vers ses nouveaux « besoins » de restaurateur. Comprenons-bien, la logique ici n’est plus de produire en grandes quantités un nombre limité de denrées, mais au contraire d’élargir sa gamme de produits en optant pour des quantités plus réduites mais de qualité supérieure, avec ce désir d’offrir à ses clients des plats à base d’aliments ultra-frais, si possible en provenance de sa propre ferme.

Ainsi aujourd’hui, seule une douzaine de vaches sont encore élevées, mais exclusivement pour alimenter le restaurant. Le reste des terres de Marc est valorisé en blé et maïs, et de plus en plus au travers de « programmes de biodiversité » dans lesquels des fleurs sont semées pour favoriser la présence d’abeilles et enrichir les écosystèmes locaux.

Par ailleurs, Marc s’est mis à élever des poulets avec quatre autres producteurs sous la marque « Poulet Lëtzebuerger Bauer ». Ses volailles, produites au sol à raison de mille par an, destinées avant tout à son restaurant, sont également écoulées auprès à la grande surface Cactus. Les poussins bénéficient d’un surcroît d’espace comparé à une production industrielle, d’un temps d’engraissage beaucoup plus long (55 jours contre 29 en production industrielle) et d’une alimentation avec 100% de céréales de qualité.

Enfin, le terrain de Marc est parsemé d’herbes aromatiques non traitées : basilic classique et basilic thaï, menthe, persil, origan, ciboulette,... dans lequel les cuisiniers de A Guddesch viennent y faire leur cueillette directement, un luxe de fraîcheur.

Une passion pour les fraises…

Mais Marc ne s’arrête pas là : en 2021, il se découvre une nouvelle passion : la fraise. Avec une récolte de 400 kg de fraises par an environ, cette culture devient vite sa production principale. Deux variétés rythment sa saison : une précoce, la variété « Flair » et une tardive, la variété « Carenza » cultivées en cette année 2025. Mais ces dernières sont renouvelées chaque année, choisies pour leur goût et leur résistance aux maladies. Ici, pas de serre : la météo dicte sa loi. Ainsi pour économiser l’eau, Marc a installé une citerne qui lui permet de recueillir 30 000 litres d’eau de pluie qui s’écoule du toit de sa ferme, dont il se sert pour l’arrosage de ses fraises, une mesure à la fois économique et écologique.

De plus, pour limiter les mauvaises herbes et faciliter la récolte, les fraises sont cultivées en « étagères » la première année, et en pleine terre la seconde. Cette première pratique de culture « hors sol » a l’avantage de réduire considérablement les besoins en traitements, notamment en herbicides. L’arrosage et la fertilisation se font enfin via un système de goutte-à-goutte, permettant des économies d’eau et d’intrants. Les fraises bénéficient par ailleurs d’un suivi minutieux de la part de Marc, avec un nombre de traitements restreint.

… pour notre plus grand plaisir !

Comme on l’a dit, les fraises sont destinées avant tout à satisfaire les besoins du restaurant A Guddesch, mais elles sont (heureusement !) également proposées à la vente aux côtés d’autres produits locaux dans le petit magasin de l’hôtel de Marc et Pia situé juste en face.

Bon à savoir : la prochaine récolte est pour fin juin : ferez-vous partie des « happy few » qui profiteront des fraises fraichement récoltées par Marc et son fils Max, à déguster chez vous ou encore lors d’une pause gourmande dans son restaurant ?

Adresse :

Restaurant A Guddesch

Am Kaesch7593 Beringen / Mersch

Tel : +352 26 320 420

 

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